Le Burn-out des soignants... Une problématique réelle. Ne vous laissez pas submerger.

Ayant suivi la conférence « Prévenir et soigner le burn-out - online - édition 2022 » organisée par Fanny Weytens ; j’ai à cœur de vous partager la thématique abordée par le Dr Clara Eppe sur le Burn-out des soignants.

Alors que les soignants ont toujours été confrontés à la souffrance et aux horaires difficiles, il est interpellant de constater qu’aujourd’hui dans le secteur de la santé, on fait face à une explosion de burn-out. La cause vient probablement de l’organisation structurelle et institutionnelle des soins qui vont mettre le soignant dans des situations où il est soumis à des injonctions contradictoires, dans des situations où les demandes ne peuvent pas se rencontrer et qui ne sont plus alignées sur les valeurs qui l'animent. Cela va donc, peu à peu, éteindre la flamme qui l’animait et la personne va se brûler de l’intérieur.

Il est essentiel de reconnaitre la réalité dans laquelle les soignants sont confrontés car nier la situation réelle ne fait qu'augmenter leur souffrance.

Quand une personne choisit de faire de sa profession « le prendre soin », il est animé par un désir d’aider l’autre et de se mettre au service de quelque chose de plus grand que soi. Entre mettre le patient au centre en s’oubliant et le discours de rentabilité et de gestion efficace, il y a un gouffre énorme dont est confronté le professionnel de la santé. Le problème n’est pas d’avoir un travail difficile physiquement et émotionnellement mais bien de ne pas être entendu et reconnu dans cette réalité.

Entre les besoins du patient, du soignant, de l’institution, il y a une équation impossible au milieu de laquelle se trouve le médecin, l’infirmier, l’aide-soignant… Et où ils feront souvent le choix d’oublier leurs propres besoins, comme boire, manger, se reposer, afin de tenter de toujours soigner le mieux possible.

C’est bien parce que le soignant a une haute éthique du soin qu’il va être en souffrance.

« A l’impossible, nul n’est tenu » est sans doute le mantra que tout soignant devrait se répéter en boucle.

Face à ce constat, il est pourtant possible de changer les choses : Prévenir le burn-out auprès du personnel de soins passe à la fois par une prise en charge institutionnelle et une reconnaissance des difficultés ainsi qu'une aide individuelle, comme des ateliers de gestion des émotions.

N’agir que sur le dernier axe ne fera que renforcer le mal-être car elle sera vécue comme une absence de reconnaissance des difficultés.

Quand l’aspect institutionnel et individuel sont mis ensemble quelque chose peut alors émerger.

La Mayo Clinic aux Etats-Unis a proposé divers axes de stratégie afin de prévenir le burn-out des soignants :

• Reconnaitre et évaluer le problème

• Exploiter le pouvoir du leadership : importance d’être à l’écoute, d’exploiter les compétences particulières des personnes, si 10 à 20% de leur temps de travail est consacré à ces compétences propres, la personne se sentira plus épanouie

• Développer des interventions ciblées : il n’y a pas de recette magique avec des mesures uniformisées, celles-ci doivent adaptées à chaque service, fonction

• Cultiver le sentiment de communauté au travail

• Avoir une réflexion sur le financement (ex : un financement à l’acte pousse à la rentabilité)

• Importance de la flexibilité ; adapter le travail à la vie privée

• Aligner les valeurs de l’institution avec celles des soignants

• Donner des ressources pour promouvoir le "prendre soin de soi"

• Intégrer la satisfaction des soignants dans les indicateurs de qualité

Pour conclure, je dirais qu'il est impératif de donner aux soignants les moyens de bien faire leur travail et leur satisfaction devrait donner un bonus financier aux institutions afin que cette composante soit réellement prise en compte. On pourrait rêver d’un label de qualité de type « Magnet Hospital ».

Le bien-être des soignants étant directement lié à la qualité des soins prodigués, il s’agit d’une responsabilité collective à tous les niveaux.

Fanny Weytens a conclu la conférence en disant qu"il y a un effondrement professionnel et un conflit éthique liés à l’impossibilité de vivre ses valeurs et de combiner les besoins de tous les acteurs du système si les conditions ne sont pas suffisamment bonnes pour faire cela et prendre soin de soi". A nous de nous en inspirer…